De notre besoin de définir, ou de la liberté de faire, voire d'être

De notre besoin de définir, ou de la liberté de faire, voire d'être

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Amour, PhiloSex

15 Dec 20

Un lion coupé en rondelles dans un tiroir, ça fait beaucoup moins peur que vivant...

De l’évaluation de nos rencontres : Richard Mèmeteau :
« Je soutiendrai au contraire que vouloir estimer la valeur d’un plaisir sexuel nuit à la jouissance. Le prix à payer d’une définition trop limitée du plaisir c’est qu’alors le réel devient décevant.
Le plaisir dépend de notre capacité à faire avec le réel. Comme on dit couramment, « c’est une question de feeling ». Mais ce qu’on appelle « feeling » n’est pas une sensation particulière, plutôt la faculté de s’abandonner dans l’instant à un certain élan pour l’éprouver plus intensément. »
J'aime beaucoup cet extrait de l'ouvrage de Mèmeteau, car je crois avec lui que c'est notre nécessité de tout définir qui nous limite dans notre expérience sexuelle voire émotionnelle. Les définitions, les cadres et les contrats nous rassurent. Ils évitent les débordements. Mais ils limitent aussi nos relations à ce que l'on décide d'y mettre, à ce qu'il y a marqué sur l'étiquette.
Ce sont les étiquettes qu'on leur a collées qui définissent l'hétérosexuel, le végan ou la salope. En soi, nous pouvons être n'importe quoi à un instant donné. Et encore autre chose à l'instant suivant. Les limites que comportent les définitions et les étiquettes nous empêchent de transcender, de nous épanouir, de nous épancher, de nous débonder. Elles nous empêchent de vivre une relation et de la laisser se développer par elle-même, pour elle-même.
Par extrapolation, nos sexualités deviennent difficilement plurielles, car on définit/limite assez rapidement son répertoire.
De la même manière, la permanence amoureuse n’existe pas. Et s’avouer et affirmer cette impermanence ne tue pas pour autant l’amour. Cette impermanence peut au contraire l’intensifier si on en mesure sa splendeur, sa force, à quel point il est éphémère et combien il faut en profiter tout de suite, à fond, parce que ça ne dure pas : explorer les instants d'un échange tout en étant pertinemment conscient de leur unicité dans le temps attise l'excitation et l'effervescence, au lieu de diluer notre exaltation et de nous perdre dans les conjectures d'un hypothétique futur.
Qui de toutes manières finira bien par arriver. Ou pas.

Surfer sur la vague de la NRE
On peut aussi reconnaître les élans que nous propose l’amour, ces nouvelles décisions et ces envies aussi subites que menaçantes (pour notre stabilité) qui nous poussent à nous transcender alors que l'on se jette avec une foi surprenante dans les domaines inconnus dans lesquels elles nous projettent.
En pleine conscience. Mmmm really ?! Peut-être pas. Et c'est tant mieux.
Même pas peur. C'est justement ce dont on avait besoin.
Portés par l’énergie et l’engouement amoureux si fondamentaux qui changent tout sur leur passage, comme l’ouragan. Comme le phénomène tropical El Niño qui redéfinit les zones de sècheresse et d'inondation.
Contrairement aux recommandations en la matière, je pense que la NRE (New Relationship Energy) est un formidable terrain pour décrotter des situations restées trop longtemps embourbées. L'erreur d'interprétation est la suivante : on dit qu'il ne faut prendre AUCUNE décision définitive sous l'influence de la NRE justement à cause de son impermanence inhérente. Seulement voilà. La méprise tient au fait que ces décisions pour lesquelles on trouve subitement l'élan ne sont pas là pour servir la cause de la relation concernée, mais pour servir un propos plus vaste. En relation avec son propre parcours de vie en général.
La relation n'est pas une fin, mais un moyen, une étape...

Se refaire un profil, lâcher ses casseroles, parce qu'on change
L’avantage, quand on rencontre des gens sur les sites, c’est qu’on est libre de nous montrer ou de nous inventer dans une réalité qui est la nôtre aujourd’hui. Sans avoir à traîner nos casseroles, nos personnalités qui parfois se sont forgées aux détours d’événements ou de séquences émotionnelles et qui peut-être ne nous vont plus. Comme un vieux vêtement qu’on garderait trop longtemps, parce qu'on y est habitué, ou pour ne pas le jeter, on fait avec.
En ligne, on peut retravailler son profil, « s’en refaire un ». Mais contrairement aux idées courantes qui médisent que ces profils ne sont en réalité que de faux profils, construire son profil dans l'intimité de sa chambre, sans pression, et en laissant libre cours à notre inspiration nous permet peut-être de nous afficher justement complètement authentique, pour voir.
Ainsi, on est amené à connecter enfin avec des gens nouveaux, des gens qui nous prendront tels que les nouvelles personnes que nous avons le droit d’être. On s’essaye à un nouvel attirail, un nouveau déguisement, une nouvelle peau. On est rassurés dans l’intimité du secret de nos échanges, et on peut s’exprimer sans crainte, vrai. Libre de droits. On peut se laisser pénétrer pleinement par l'autre.

C'est un drôle d'essai, un drôle de jeu.
Une occasion surprenante de se redécouvrir si on veut bien s'y prêter.
Vous serez surpris.e de voir comment le fait de se présenter différemment vous amènera à rencontrer des gens différents, pour des relations plus puissantes, si tant est que vous y alliez franchement.
Et si vous rencontrez toujours le même genre de profil, et qu'il n'est pas à votre goût, demandez-vous ce qui en vous les appelle, ou quels sont les bénéfices secondaires (Franck Lopvet) qui vous servent dans ces relations, en dépit de ce qui apparemment vous dessert. Mais là ça demande plus de développement. J'y reviendrai.
En attendant, bonne chasse ;-)

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